Rencontre avec le jeune Bastien Tugayé, joueur du Centre de Formation de la Section qui a grandi à Séron et capitaine des Espoirs à l'occasion des derniers matchs.
Originaire de Séron, Bastien Tugayé a rejoint tardivement la Section et bien qu’il soit né à Tarbes, porter le maillot Vert et Blanc représente beaucoup pour le jeune ouvreur. Le rugby était une évidence pour Bastien, un sport qu’il pratique depuis l’âge de 4 ans à l’USEP Ger Séron avec ses amis, un club qu’il quitte pour la première fois à l’âge de 17 ans. Aujourd’hui il débute sa 3e saison au Centre de Formation de la Section et s’entraîne régulièrement avec l’équipe professionnelle. Rencontre avec un jeune joueur « du cru » passionné.
Peux-tu nous retracer ton parcours rugby ?
J’ai commencé le rugby à l’USEP, le club de Ger Séron, à l’âge de 4 ans car tous mes copains faisaient du rugby, c’était le sport auquel on jouait beaucoup à l’école. Depuis, je n’ai jamais arrêté et je suis toujours aussi passionné ! J’ai quitté l’USEP après ma première année junior pour rejoindre la Section. Quand j’ai un peu de temps, je vais voir les matchs de l’USEP, beaucoup d’amis de l’école de rugby jouent aujourd’hui en première.
Tu as commencé très jeune le rugby, qu’est-ce que tu retiens de ces 15 années de pratique ?
Je retiens forcément tous les amis que je me suis fait, avec qui j’ai tissé beaucoup de liens et qui sont toujours très forts aujourd’hui. Je retiens aussi l’évolution au niveau du rugby, j’ai découvert pas mal de choses, c’est un sport qui m’a beaucoup appris tant sur le plan sportif qu’humain.
Bien que tu sois né à Tarbes, tu te considères un peu comme un Béarnais ?
Oui en quelque sorte, car je faisais partie du comité du Béarn via l’USEP et nos adversaires étaient tous béarnais. En rejoignant la Section, ça a forcément renforcé ce sentiment. C’est le club que j’allais voir quand j’étais petit.
Qu’est-ce que tu aimais dans le rugby quand tu étais petit ?
Jouer au ballon ! Et le fait que ça soit un sport collectif bien sûr. Quand on est petit, on aime jouer un peu à tous les sports à partir du moment où il y a un ballon et des copains. Mais c’est vrai que jouer au rugby, le ballon, le contact, se retrouver avec les copains sur le terrain et passer le week-end avec eux, c’était quelque chose qui était très important et pour lequel je prenais beaucoup de plaisir enfant.
Quel a été ton 1er poste ?
J’ai touché un peu à tous les postes derrière mais j’ai principalement joué au centre et en 10.
Comment arrives-tu à la Section ?
Je ne sais pas exactement si j’avais été remarqué durant un match ou si c’est par le bouche à oreille... Lors d’un tournoi de l’école de rugby, le président de l’USEP est venu me voir pour me dire que la Section l’avait appelé, ils souhaitaient me rencontrer pour la prochaine saison. C’est comme ça que j’ai quitté Ger-Séron pour Pau. Ma première année à la Section, je suis en double licence. Je n’ai joué que 3 matchs à l’USEP, ça montre que j’ai réussi à m’intégrer assez vite dans le groupe et ça a été une motivation supplémentaire pour continuer et évoluer.
Quitter l’USEP pour rejoindre la Section, c’était un gros changement ?
J’appréhendais un peu car je ne connaissais pas trop le club et les exigences attendues. Je ne savais pas si j’allais être au niveau... Je connaissais quelques joueurs grâce aux sélections. La première année a été un peu compliquée car je n’ai pas joué les premiers matchs et j’en avais envie donc c’était frustrant. Après tout s’est vite enchaîné, j’ai réussi à me mettre au niveau, à faire des matchs plus satisfaisants. Tout ça m’a poussé vers le haut et m’a aidé à m’intégrer dans le groupe.
Comment s’est passée ton intégration au Centre de Formation ?
Au début quand j’étais Crabos, le but pour moi était d’être gardé en Espoirs et le Centre de Formation ça a vraiment été le « plus ». Mais forcément j’étais très content d’apprendre ça, c’était une opportunité énorme. Tout s’est fait l’année de mes 18 ans : rester en Espoirs et intégrer le Centre de Formation.
À quel poste faut-il te présenter ? 10 ? Centre ? 15 ?
Je n’ai pas forcément de préférence... Je suis capable de jouer à plusieurs postes, je suis un joueur qui s’adapte, qui ne se bride pas. Ça me donne plusieurs opportunités et ça me permet de progresser à ces postes-là, qui sont assez similaires. Je ne me ferme pas de portes. Cette polyvalence est un atout je pense.
Quel est le poste qui te plaît le plus ?
Celui de 10 car on est au centre du jeu. On touche plus de ballons, on est maître du jeu que l’équipe produit, je le trouve plus intéressant et complet que les deux autres postes.
Hastoy, Debaes, Tugayé : vous avez en point commun, Julien Ronchaud, qui est aujourd’hui responsable sportif du Centre de Formation…
Oui Julien nous a tous entraînés en Crabos ! Personnellement, il m’a eu dès mon arrivée au club, et il m’a suivi dès mon premier entraînement à aujourd’hui au Centre de Formation. C’est une personne très investie auprès des joueurs, il est là pour nous aider, pour nous faire progresser, c’est vraiment quelqu’un sur qui je peux me reposer.
Aujourd’hui, t'entraîner régulièrement avec le groupe pro de la Section c’est un aboutissement ?
Oui c’est sûr car c’est le club que tu regardes quand tu es petit avec des étoiles dans les yeux, celui que tu veux intégrer. Pouvoir y arriver c’est un aboutissement, sans être une finalité. Il faut pouvoir y rester le plus longtemps possible et pouvoir faire des matchs.
Tu as intégré pour la 1ère fois le groupe pro à l’automne 2019 (Yamaha Júbilo et Challenge Cup) comment as-tu vécu cette période ?
Ça s’est très bien passé, quand je l’ai appris j’étais très content et je ne m’y attendais pas. L’intégration au groupe s’est très bien passée et les « anciens » joueurs prennent les jeunes sous leur aile, ils nous ont poussés vers le haut, incités à augmenter nos performances et à progresser.
Un joueur en particulier t’a pris sous son aile ?
Je pense à un joueur comme Julien Fumat qui est l’emblème du club et qui a beaucoup d’expérience par exemple. Il essaie d’apporter le maximum aux jeunes, il donne beaucoup de conseils.
Comment as-tu vécu la préparation estivale avec les pros ?
Je m’étais préparé à quelque chose de dur et ça l’a été, surtout les premières semaines car c’était après le confinement et ça avait été compliqué de maintenir une activité physique soutenue. La réathlétisation des premières semaines a été compliquée mais ensuite sur le reste de la prépa, ça a été plaisant car il y avait beaucoup de jeu.
Tu as l’impression d’avoir progressé davantage grâce à ces moments passés avec les pros ?
Oui j’ai progressé au niveau physique car la charge de travail et les exigences sont plus importantes. Au niveau technique aussi car les exercices de skills sont plus exigeants, il y a plus de vitesse, plus de concentration donc on progresse forcément.
Côté scolaire, quel est ton parcours ?
J’ai eu un bac S - SI (Scientifique - Sciences de l’Ingénieur) à Tarbes au lycée Jean Dupuy en 2018, j’ai ensuite réalisé une année en DUT génie mécanique à l’IUT de Tarbes, j’ai validé la 1ère année mais ça ne me plaisait pas trop. Je me suis réorienté sur un DUT en génie civil dans le même IUT, cette formation me plaît davantage. Aujourd’hui, je réalise la 2e année de ce DUT avec un aménagement spécial pour les sportifs de haut niveau, j’ai 3 ans pour obtenir ce diplôme BAC +2.
Vers quel secteur d’activité souhaiterais-tu t’orienter par la suite ?
Le secteur de la construction m’intéresse, en étant par exemple chef de chantier ou conducteur de travaux, diriger des équipes... Ce secteur me plaît beaucoup car avant de commencer la prépa avec les pros, j’ai fait un stage d’un mois à la Sogeba (travaux publics) et cela m’a conforté pour poursuivre ma formation dans ce secteur.
Manager des équipes sur un chantier et être aux manettes du jeu en 10, c’est un peu la même chose ?
Oui je pense qu’il y a des ressemblances car sur le terrain il faut un peu gérer les avants, les placer, leur donner des indications, mais aussi gérer les attaques derrière, annoncer les combinaisons... On gère des hommes ce qui fait un point commun entre ma formation et le jeu.
Ce double projet est important pour toi ?
C’est quelque chose d’important car le rugby c’est bien quand on est jeune mais on n’est jamais certain de la suite, pour le moment je ne suis qu’Espoir. Ça peut s’arrêter aussi vite que c’est arrivé, donc il est important de s’assurer un avenir côté scolaire et professionnel.
Quels avantages vois-tu à être intégré au Centre de Formation à la fois sur le plan sportif et scolaire ?
Sur le côté sportif, on est très suivi. On a beaucoup d’entraînements techniques individuels ce qui nous permet de progresser très rapidement. Sur le plan physique, on est suivi par des diététiciennes, ce qui est un gros avantage pour nous permettre d’évoluer. Et sur le plan scolaire, on a des aménagements qui nous permettent de suivre les entraînements et les cours, ce qui est un gros avantage, car sinon faire les deux serait impossible.
Photos : Maxime Marrimpoey & Section