Sectionniste de toujours, Philippe Ebel a retrouvé le club Vert et Blanc cet été afin de prendre en charge l’équipe Espoirs. Après plus de 20 ans à entraîner Orthez, Oloron ou encore la sélection de Belgique, l’ancien 3e ligne de la Section s’est lancé un nouveau challenge. Aux côtés de Paddy Sullivan, il entraîne les Espoirs de la Section avec cette année un effectif particulièrement rajeuni, marquant le début d’un nouveau cycle au sein de la formation paloise.
Comment s’est passée ton arrivée, ou plutôt ton retour, au club ?
À titre personnel, je suis très heureux de revenir à la Section qui est mon club de coeur et d’origine. C’est à la Section que j’ai fait tout ma carrière de joueur et que j’ai débuté celle d’entraîneur. Je suis très content d’avoir été sollicité par le club, je pense que c’était le bon moment par rapport à mon expérience et mon âge.
Revenir à la Section, c’était important à tes yeux ?
Ce n’est pas une fin en soi, je ne m’étais jamais vraiment projeté par rapport à ça. Je suis très content d’évoluer de nouveau au sein du club. La Section fait partie de notre vie. Quand je dis « notre » c’est la mienne mais aussi celle de ma famille, mes deux fils ont joué à la Section dont Maxime jusqu’à l’an dernier en Espoirs. La Section fait forcément partie des discussions à la maison ! Revenir c’est un vrai plaisir, je vais essayer d’apporter quelque chose au club en toute modestie.
L’effectif Espoirs est particulièrement rajeuni, tu vois cela comme un plus ou une contrainte ?
C’est plutôt un avantage car les joueurs n’ont pas de vécu en commun, quelquesuns se connaissent car ils jouaient ensemble en Crabos mais pas davantage. Ce qui est intéressant c’est qu’ils sont « bruts », il faut les modeler, les accompagner en leur donnant des billes et des conseils sur lesquels ils peuvent se raccrocher. Leur jeune âge fait que le groupe va se construire ensemble, on le renforcera l’année prochaine car nous manquons de joueurs à certains postes. Des joueurs qui démarrent un cycle tous ensemble c’est clairement un plus. Nous avons une nouvelle génération, un début de cycle avec beaucoup de joueurs de 2000 et 2001. C’est donc un travail dans la durée sur 3, 4 ans qui se dessine devant nous. 20% de l’effectif est né en 1999 ou 1998, ces jeunes plus expérimentés vont pouvoir « guider » les plus jeunes.
Forcément la jeunesse de notre effectif le rend moins expérimenté, cela devrait se ressentir sur les résultats. Il faut avoir en tête que nous pouvons nous retrouver en difficultés durant la saison en championnat. L’objectif partagé par tout le staff de l’équipe Espoirs est avant tout de former des joueurs, le « poumon » de l’équipe professionnel. Le but n’est pas d’être Champion de France – si nous le sommes, tant mieux – mais avant tout de former des joueurs dans la lignée des Hastoy, Rey, Pesenti…
Quels sont vos objectifs cette année en Championnat Espoirs ?
On connait les autres équipes de nom mais cela n’est pas suffisant pour juger de leur niveau, tout dépend du cycle sur lequel ils sont. Grenoble et Montpellier étaient l’an dernier en début de cycle et ont eu quelques difficultés en championnat. Après une saison passée ensemble, leurs joueurs auront un vécu et une expérience plus importants. Nous voudrons figurer du mieux possible dans cette poule au niveau relevé. L’histoire récente de l’équipe Espoirs de la Section (NDLR : finaliste du Championnat de France en mai 2018) pèse aussi sur l’effectif. Nous serons prudents et patients cette saison avec les joueurs.
Participer à la formation des potentiels futurs joueurs de l’équipe pro c’est un challenge ?
Tout à fait, c’est pour ça que je pense que c’était le bon moment pour moi. J’ai maintenant la cinquantaine passée, un peu d’expérience en tant qu’entraîneur notamment en Fédérale mais aussi en sélection belge. Côtoyer différents environnements et différentes cultures c’est très enrichissant. Replonger dans la formation c’est intéressant. En catégorie Espoirs on est notamment sur un accompagnement qui vise le perfectionnement au poste et le développement d’un profil recherché par les pros. Le challenge est important mais très intéressant à relever.
Quelles sont vos relations avec le staff de l’équipe pro ?
J’ai été plutôt surpris de l’accueil très chaleureux qui nous a été réservé, nous travaillons sur les mêmes bases et les mêmes plans de jeu que l’équipe pro. Les jeunes, qui seront peut-être amenés à monter avec l’équipe professionnelle pour des entraînements ou des matchs, ne doivent pas être perdus et travailler sur la même structure de jeu est essentiel en ce sens. La collaboration et les échanges sont très bons entre nous. Ce soir par exemple, Thomas Domingo intervient pour un entraînement spécifique des premières lignes. La plusvalue est énorme pour les jeunes, quand à 18 ans c’est Thomas Domingo qui t’explique la posture à adopter en mêlée, il y a forcément les yeux qui pétillent un peu chez les jeunes. D’autres membres du staff pro ont prévu d’intervenir auprès des Espoirs, c’est une très bonne chose pour le club. Cela renforce l’identité commune entre pros et équipes jeunes.
Comment s’articule votre fonctionnement entre les différents membres du staff ?
Il y a une très bonne osmose et beaucoup de communication entre Paddy qui entraîne à mes côtés, Jean-Luc Albert et Antoine Klein les préparateurs physiques et Julien Ronchaud le responsable du développement du Centre de Formation. On essaye avant toute chose de ne pas empiéter sur les prérogatives de chacun. À mes débuts en tant qu’entraîneur, les staffs étaient moins conséquents et la préparation physique beaucoup plus annexe. Le volet physique est traité quotidiennement et parfaitement intégré au planning des joueurs, le travail de skills est aussi très important. Paddy s’occupe plus particulièrement des trois-quarts et de la vidéo et me concernant je traite les avants et la défense. Mais notre travail reste très transversal, nous échangeons beaucoup et nous appliquons le projet de jeu porté par l’équipe pro.
Le Championnat a débuté par le tournoi Pro Sevens, qu’en retiens-tu ?
Du positif sur le plan comptable avant tout, nous terminons 8e sur les 32 équipes invitées. Nous ne sommes pas forcément spécialistes du rugby à 7, en quelques entraînements ça ne suffit pas mais les garçons ont joué le jeu et montré un beau caractère. Le plaisir passe par la gagne et nous étions satisfaits de l’état d’esprit du groupe. Nous avons fait un bon tournoi à Agen qui nous a permis de nous qualifier pour le tournoi final à Massy et d’engranger 4 points au classement pour débuter le Championnat Espoirs. Le Seven va être amené à se développer, c’est un jeu particulier mais qui est plutôt très agréable à jouer.